jeudi, janvier 20, 2011

Nba Oulaarbi, pour l’éternité, tu resteras dans nos pensées

Nba Oulaarbi, pour l’éternité, tu resteras dans nos pensées
Par Mohamed EL Manouar

Nbark Oulaarbi (alias Nba) n’est plus. Cette nouvelle nous a tous terriblement affectée. Il est parti de sitôt, alors qu’il ne dépassait pas 28 ans. Que d’émotions, de tristesse et de chagrin nous ont envahis. J’en reste coi. Il m’aurait fallu beaucoup de temps pour me résigner à le croire. Mais devant un tel événement, du reste douloureux, le silence et la méditation sont de rigueur.

Pour l’avoir connu et côtoyé la première fois à Alnif, à l’occasion de la célébration de l’anniversaire de la mémorable guerre de Bu Gafer, je garde de ce personnage si attachant et fascinant, des souvenirs d’un jeune homme courtois, ferme et engagé, un amazigh hardi, convaincu, d’une franchise sans concession, intègre, et fait d’une seule étoffe.

Par son énergie débordante, son souffle constant et plein de mélodies, son jeune n’a pas empêché notre Nba de marquer de ses empreintes indélébiles l’art amazigh et singulièrement celui du sud-est pour lequel il a réussi à donner d’autres perspectives, une autre dimension inconnue jusqu’alors. Il était également connu pour avoir été l’artisan incontournable, l’artificier infatigable, la pièce maîtresse de son groupe Saghru Band qu’il a su hisser au firmament de la chanson moderne amazighe. Et, pour preuve, il a été primé par la commission nationale de la Culture amazighe (chanson moderne) issue de l’Institut Royale de la Culture Amazighe, lors de sa dernière session organisée en octobre 2010, alors qu’il était hospitalisé à Rabat. Moins de trois mois après, il est décédé et enterré à Mllaâb, dans la région de Goulmima, parmi les siens, les nôtres, sa région natale qui l’avait vu naître et qui le voit rejoindre sa demeure éternelle. Ironie de l’histoire ! Et qu’il reposera en paix

Feu Nba était surtout connu pour avoir été un grand chanteur qui nous avait charmé avec ses divers styles et rythmes. En réalité, il n’était pas uniquement un artiste accompli. Il jouait de la guitare, la flûte, l’harmonica et autres. Il était en plus, et le restera pour longtemps, porteur de beaucoup d'espoir pour notre jeunesse en malaise qu’il hantait. Il était pour celle-ci un catalyseur qui renvoi au plus loin, au-delà de l’Atlas, au pays plat, ses préoccupations, ses angoisses et ses rêves. Normal, il était constamment avec cette jeunesse inquiète avec laquelle il vivait en symbiose.

Il est également, malgré son jeune âge un étudiant battant, assidu et multidisciplinaire puisqu’il est titulaire d’une licence en Droit et une autre en littérature française. Amazigh dans l’âme, universitaire, il avait su choisir des mots subtils et sublimes, qui arrivent droit au cœur. Il a su exprimer les malaises d'un peuple, d'une région et d'une jeunesse en quête de jours meilleurs, une jeunesse et une région assoiffée de liberté et de rêves. Il colportait des rêves collectifs qui sont, contrairement aux rêves individuels, des réalités qui s’expriment dans la bouche et dans les mots, les paroles minutieusement choisies et scandées en chœur et dans une alchimie merveilleuse, devant ses fans et son public qui se déchainent.

Qu’en déplaise à la courte mémoire de l’histoire et des hommes, notre regretté Nba ne sera jamais oublié. Il restera pour l’éternité dans nos cœurs, nos esprits et notre pensée. Il est l’exemple pour notre jeunesse capable de nous donner d’autres artistes qui apporteront à la création et à la culture amazighe une dimension qui ne peut jamais s’essouffler dans la durée. Que notre Nba repose en paix et que la vie continue.

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