vendredi, septembre 30, 2005

DDA ALI AZAYKOU: LE PRESIDENT


Le président DDa Ali attendant l'arivée des intervenant lors d'une session de l'Université d'Eté à Agadir en 2003 (Photo de Moha Arehal)
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mardi, septembre 27, 2005

DDA ALI AZAYKOU


Une photo innédite de DDa Ali prise par Moha Arehal lors de la tenu de l'université d'été à Agadir en 2003. DDa Ali repose en paix
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Arehal je le suis Arehal je le reste!

Arehal, je le suis
Arehal, je le reste
Moha Arehal

« un verre de thé vaut mieux que tout »
Ahmed Bouba

Depuis déjà longtemps, je voulais écrire quelque chose sur les modes de vie de nos ancêtres dans le désert et le grand Sahara, mais à chaque fois, je ne trouve pas assez d’inspiration pour en parler et partager avec les autres. Pendant cet été, une occasion en or m’est offerte lors d’une rencontre avec une équipe d’une association d’amateurs du désert nommée « bambini nel deserto » d’Italie et qui travaille pour aider les populations du désert.

Le but de cette visite est de documenter et de préserver un patrimoine universel et connu de toutes les civilisations, le Nomadisme et les nomades.

Mode de vie ancestral

Le nomadisme est le premier mode de vie que l’humain a adopté depuis l’aube de l’histoire, il consiste à se déplacer d’un endroit à un autre à la recherche du pâturage pour le troupeau et les points d’eau. Cette définition paraît aussi simple que complexe, le déplacement est un mécanisme qui doit être bien sur très pensé et bien planifié. Aux temps modernes, un voyage par exemple, nécessite une programmation préalable de point de vue logistique que financier.

Le choix de la destination est dicté par plusieurs facteurs. C’est la même chose pour les nomades qui avant de décider le changement d’un campement envoyait des éclaireurs (imazanen) pour chercher un endroit plus clément et ou le pâturage et l’eau sont abondant.

La découverte de l’agriculture et après de l’irrigation a amené les Hommes à se sédentariser lentement et progressivement. Avec ce nouveau mode, l’agriculture n’a pas cessé de prendre de terrains et piétiner sur les vastes prairies exploiter par les nomades.

Malgré le rétrécissement de leurs territoires, les nomades n’ont pas succombés aux tentations de sédentarisation et le mode de vie basé sur le déplacement dans des aires géographiques très vastes a continué à exister dans tous les continents.

Au Maroc, les nomades ont constitué une menace pour tous les pouvoirs centraux depuis la création de l’Etat au Maroc. A chaque fois, le pouvoir central essayait de les sédentariser soit par la mise à disponibilité de terrains et l’aménagement de sources d’eau et la construction de maisons comme c’était le cas pour les dwi mni’ dans la région de Tafilalet ou par la limitation du champ de mouvement comme le cas vécu il y a quelques années dans la province de Azilal, quand les autorités ont refusé aux nomades de pénétrer dans la province de Azilal.

Malgré toutes les manœuvres entreprises par les autorités, pas seulement au Maroc mais dans tous les pays qui comptent encore des nomades, de montagnes comme de déserts, le nomadisme et les nomades ont su s’adapter à tous les changements et ont pu surmonter toutes les contraintes qu’on leur a imposées ou plutôt fait subir.

Mode de vie en voie de disparition

La sédentarisation des nomades était considérée comme une priorité pour plusieurs catégories, en premier lieu les autorités et en second lieu les scientifiques et les ONG, les premiers pour des raisons sécuritaires et les autres pour des raisons soit disant humanistes. Pour plusieurs chercheurs (Askounti) le 19ème siècle est, par excellence, le siècle de la "crise du nomadisme".

Dans le sud-est, depuis le début de la colonisation française, les nomades ont trouvé leurs territoires occupés par les français et par conséquences leurs déplacements limités. La France, après avoir mis sa main sur toute l’Afrique du Nord, a promulgué des lois de limitation de parcours entre les tribus. Alors les nomades Aït Khebbach et Aït Seghrouchen ne pouvaient plus se déplacer hors des frontières maroco-algérienne non tracées jusqu’à présent. « Jusqu’à 1976, nous n'avions pas de problèmes à passer de l’autre coté des frontières avec nos troupeaux, à partir de cette date, les militaires algériens ont mené une guerre farouche contre nous » déclare A’mmi Baha lors de notre visite à son akham (tente-maison). Ce témoignage fait la lumière sur une partie de la guerre maroco-algérienne non élucidé jusqu’à maintenant, en effet et à croire les propos de A’mmi Baha, plusieurs nomades ont été tabassés, torturés et même égorgés sans pitié par des membres de l’armée algérienne.

Actuellement, les nomades vivent très des tentes très dispersées et très éloignées les unes des autres, lors de notre voyage à leur rencontre, nous avions constaté combien ce genre de vie humaine, le mien, est en phase de distinction. Les relations entre les nomades ne sont plus comme avant.

Le bois, utilisé, pour la cuisson se fait de plus en plus rare, la plupart des nomades que nous avions pu visiter possèdent des butanes à gaz. Les lampes à gasoil sont utilisées rarement, les jeunes ont tous des lampes à piles. Les déplacements d’une tente à l’autre ou pour aller au souk se font désormais par les motocycles ou les camionnettes qui ont pris le dessus sur les moyens traditionnels des nomades.

Pour les communications, les nomades ont désormais, eux aussi, eu recours aux derniers modèles de téléphones portables, ils n’ont plus besoins d’envoyer des messagers des jours et des jours pour transmettre une information ou récupérer une autre.

L’introduction de toutes ces technologies modernes n’a fait qu’aggraver la situation. En effet, la conjugaison de ces technologies avec les aléas climatiques et la perte des troupeaux suite à la succession d’années sèches a poussé plusieurs nomades à choisir la sédentarisation tant refusée dans le passé. Les nomades , caractérisés jadis par leur capacité à mener une guerre contre les collons pour libérer leur territoire et après pour maintenir leur mode de vie, choisissent actuellement de se sédentariser pour les raisons citées ci-dessus.

Cette sédentarisation est, en particulier dans la région du sud-est, soutenu par le développement spectaculaire du tourisme qui a amené tous les anciens nomades installées dans les villages avoisinants les grandes dunes de sable de l’Erg Chebbi à travailler dans ce secteur. Ceux qui ont un bout de terrain l’ont transformé en auberge ou en gîte, on dénombre actuellement une centaine d’auberges et de gîte sur le versant Nord de l’erg, les autres continuent à travailler comme chameliers pour les touristes ou travaillent dans le nouveau métier de tailleur de pierres.

Le développement de cette activité ne touche pas seulement les grands, mais aussi les petits enfants. Le visiteur des dunes de sable de Merzouga ou un des villages avoisinants remarquera le grand nombre de petits enfants (garçons et filles) qui proposent des produits à vendre aux touristes. Ni le suivi des troupeaux ou le ramassage de bois ni l’école n’intéressent plus les petits.

Le patrimoine nomade est à sauvegarder

Les nomades par défaut sont des gens de déplacement, donc ils ne construisent pas de maisons et par conséquent ne patrimoine matériel. Cependant leurs cimetières constituent un trésor archéologique qui a aidé les scientifiques à savoir et à étudier ce mode de vie le plus ancien de l’existence humaine. Les rituels funéraires ont appris beaucoup de choses aux humains modernes. Les cimetières sont aussi utilisées par les nomades comme des points de repères dans leur périples dans le grands sahara.

Lors de notre déplacement nous avions constatés l’existence de plusieurs cimetières dans l’aire de nomadisme situées sur la frontière maroco-algérienne. les pilleurs ont déjà investit plusieurs tombes à la recherche de trésors.

A part les cimetières on ne peut parler de patrimoine matériel des nomades. L’essentiel de ce patrimoine donc est oral, donc il est considéré comme immatériel.

En effet, ce patrimoine comporte la langue, les habits, la musique et les traditions. Toutes ces composantes doivent être préservées par les pouvoirs locaux, régionaux et centraux. Les initiatives prises dans plusieurs pays comptant des citoyens nomades ont pris des dispositions pour sauvegarder et les populations nomades que leur patrimoine. L’Unesco, en considération de l'importance du patrimoine culturel immatériel, creuset de la diversité culturelle et garant du développement durable, telle que soulignée par la Recommandation de l'UNESCO sur la sauvegarde de la culture traditionnelle et populaire de 1989, par la Déclaration universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle de 2001 et par la Déclaration d'Istanbul de 2002 adoptée par la troisième Table ronde des ministres de la culture et en considérant la profonde interdépendance entre le patrimoine culturel immatériel et le patrimoine matériel culturel et naturel a adopté, le 17 octobre 2003, la Convention. pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Cette convention est une première qui doit inciter les pays signataires sauvegarder le patrimoine des populations nomades. L’Union Européenne, quant à elle à approuvé depuis 1975, la Résolution (75) 13 portant recommandation sur la situation sociale des populations nomades en Europe, cette résolution oblige les pays membres a entreprendre des mesures pour la préservation des droits de populations nomades vivant dans leurs territoires.

Au Maroc, plusieurs initiatives ont été entreprises par une association oeuvrant dans la région de Ouarzazate pour la sauvegarde de mode de vie des nomades. Plusieurs conventions ont été signées par des entités du gouvernement et d’autre ONG nationales et internationales. Les travaux de cette association et des chercheurs de différents domaine ont aidé à rapprocher les nomades des populations sédentaires. Des écoles mobiles ont été créées en collaboration avec le ministère de l’éducation nationale pour permettre aux enfants des nomades de profiter de l’école comme les autres.

Le tourisme, dans ses versions écologique, durable, intégré ou équitable, vise lui aussi à amener les touristes qui en croient à faire de leur mieux pour la préservation des lieux visités, des populations autochtones.

Il est vrai que actuellement, particulièrement dans la région de Merzouga, ou la sécheresse sévit depuis déjà plusieurs années que le seul moyen utilisé par les nomades pour survivre est le tourisme.

Malgré ça, A’mmi Baha, préfère de rester nomade et survivre que de s’installer dans un village et souffrir du bruit et des tracasserie de la vie sédentaire. Il a raison A’mmi Baha.

Oeuvrons tous pour la sauvegarde du patrimoine des nomades dans notre pays, c’est la mémoire vivante de notre histoire, plusieurs fois millénaire.

A bon entendeur.