dimanche, octobre 08, 2006

Le Maroc face à un nouvel assaut du wahhabisme


Le Maroc face à un nouvel assaut du wahhabisme

Moha Arehal
in "le monde amazigh" du mois d'octobre 2006

Si le Maroc, et depuis que l’Islam s’est introduit au Maroc, après l’assassinat de AKSIL et de DIHIYA et l’humiliation inhumaine de Traik Ibn Zyad par les musulmans, s’est proclamé indépendant de l’orient en adoptant et en adaptant l’islam à son contexte, le voilà il y a quelques années fait l’objet d’attaques très sanglantes de la part des Oulémas de l’orient. Le dernier exemple en date, la Fetwa du cheikh du terrorisme EL Quardaoui qui fait de la chaîne Al Jazeera son haut parleur pour introduire, via ce moyen redoutable de communication, sa version de la religion musulmane. Alors, comment le Maroc est-il devenu la cible des islamistes du Moyen Orient ? Cette question ne trouve sa réponse que dans l’étude de l’histoire des mouvements intégristes dans le monde. Un essai de compréhension

Les frères musulmans :

Ce mouvement s’est vu naître sur la terre des Pharaons dans les années vingt. Son idéologie et ses idées se sont propagées à l’Est et à l’Ouest et ont été adoptées par plusieurs marocains, si en Egypte, ce mouvement a en plus de réussite ainsi que dans quelques pays du Moyen Orient, comme la Jordanie, il n’a pas eu un grand succès dans les pays de l’Afrique du Nord. Cependant, les textes et les idées de ce mouvement ont trouvé chemin vers les Marocains, jusqu’à nos jours les écrits des leaders de ce mouvement se vendent à petit prix.

La révolution des Mollahs :

En 1979, les islamistes hébergés et protégés par la France ont mené un putsch contre le régime monarchique du Chah d’Iran et ont pris le pouvoir par la force. Les Mollahs ont installé un régime islamiste en abrogeant toutes les lois depuis la constitution jusqu’au statut de la famille. A travers un arsenal de texte et le développement d’une police de meurs, les nouveaux gouvernements d’Iran, ont changé la société en lui imposant un look et des habitudes jugées répondre aux exigences de l’Islam, selon la version des Mollahs.

Partant du principe de l’exportation des valeurs de la révolution, les Mollahs ont développé des stratégies pour faire exporter leur nouveau modèle de société développé en Iran pour les autres pays « musulmans ». Cette ambition s’est confrontée à la résistance de tous les régimes en place dans les pays du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord. La lutte contre l’ingérence des Mollahs d’Iran par les régimes des autres pays du Nord s’est transformée en un block contre l’Iran qui s’est conclu par la déclaration de la Guerre d’Iran par l’Irak voisin avec l’appui inconditionnel des régimes des pays voisins. L’Irak a donc joué le rôle d’avant-garde contre les valeurs de l’obscurantisme des Mollahs. Cette guerre déclarée à l’Irak et qui a coûté des centaines de milliers de morts n’a pas été suffisante pour contre carrer le développement de l’Islamisme dans les pays qui ont soutenu l’Irak contre l’Iran. Dans chacun des pays de l’Afrique du Nord et du Moyen Orient des groupes islamistes se sont développés clandestinement.

L’islamisme Made In Morocco

L’islamisme marocain remonte à 1972 quand fut créé le Mouvement de la jeunesse islamique par Abdellah Motiî. Omar Benjelloun, journaliste et militant de l’UNFP était la première victime de terrorisme de ce groupe le 18 décembre 1974. Recherché par la police, Motiî se réfugie en Libye. Mais depuis, la galaxie des islamiste au Maroc comprend au moins 23 groupes ou groupuscules de plusieurs niveaux d'importances répertoriés, mais n’empêche l’existence d’une multitude de clans et de groupuscules méconnus ou agissant plus ou moins dans la clandestinité. Malgré l’étiquette « islam», chaque groupe a sa propre référence théologique ou djihadiste. « Il y a les tablighis, piétistes d'origine indo-pakistanaise; les soufis, courant mystique de l'islam; les sécessionnistes chiïtes, ou bien encore les salafistes, spécialistes des fetwas et de l’excommunication »[1]. La majorité de ces tendances est affiliée de prés ou de loin aux idées développées dans le moyen orient. Rares sont les crépuscules qui ont une affiliation locale.

L’international islamiste

Depuis l’invasion soviétique de l’Afghanistan, les pays islamiques se sont sentis agressés et ont pris les dispositions nécessaires en collaboration avec les Etats Unis pour chasser les Soviétiques de la terre d’Islam. L’Arabie Saoudite et d’autres pays ont lancé une campagne de mobilisation et d’engagement des hommes pour libérer l’Afghanistan. Plusieurs milliers de volontaires se sont trouvés dans des camps d’entraînement dans plusieurs pays du golf et d’Asie centrale. Après la fin de la guerre en Afghanistan et l’expulsion de l’armée soviétique, le serpent s’est monté contre son maître. Les Etats Unis et l’Arabie Saoudite se sont retrouvés face aux moudjahidines qu’ils ont formé et armé.

Ces arabes afghans se sont trouvés après la fin de la guerre comme des persona non grata dans leur pays d’origine ce qui les a obligés à retourner dans le pays « libéré » des soviétiques. La situation de non-stabilité dans le pays a fait de lui une base arrière d’un mouvement islamiste qui veut libérer tout le monde musulman de la présence des mécréants.

La guerre du Golf qui a causé la démolition des infrastructures de l’Irak et du Koweït et le déploiement des forces des alliés sur le sol de la péninsule arabique s’est considérée par les islamistes comme une agression contre les musulmans. C’est le début de la guerre « sainte » lancée contre l’occident par Alqa3ida.

Les médias et la mondialisation du Terrorisme

Le commencement de cette guerre non traditionnelle entre l’occident et les islamistes s’est coïncidé avec le boom médiatique et technologique dans le domaine communication. La télévision satellite et l’Internet sont devenus des outils grand public. L’information est désormais libre de circulation. Aucun pays n’est désormais libre de choisir ou d’orienter les informations. L’international islamiste et ses idées sont monnaie courante dans tous les pays.

Grâce à ce nouvel accès à la communication et à l’information à distance, les terroristes islamistes peuvent commanditer des opérations partout dans le Monde. Les analystes des informations diffusées par les leaders du terrorisme ont conclu que chaque sortie d’une figure terroriste sur la chaîne Al Jazeera, était suivie d’une opération terroriste quelque part sur la planète.

Cette mondialisation de l’information, de la communication et du terrorisme a facilité l’accès des idées des leaders du terrorisme islamiste dans tous les pays sans possibilité de control ni de censure.
Bénéficiant de cette avancée technologique, les théoriciens du terrorisme islamiste à l’international proposent des Fatwas à tout un chacun ce qu'il demande.

Sur le web, plusieurs sites offrent des services gratuits aux fidèles du culte musulman. Une simple visite dans les forums et les demandes de fatwa montre combien les Marocains ont besoin de trouver des réponses à des questions qui les ôtent. Si le Maroc a su garder son indépendance et sa spécificité depuis le premier siècle de l’ère islamique, il se trouve bien loin actuellement pour assurer et garder cette indépendance.

Quoi faire alors ???

Après la fatwa du cheikh des terroristes, le conseil supérieur des Oulémas du Maroc s’est réuni pour répondre à El Quardaoui. Le communiqué, sorti à l’issu de cette rencontre des savants de l’islam marocain, n’a pas traité la question dans son fonds mais dans sa forme. Ce qui donne encore l’idée que nos oulémas n’ont pas pu dire à ce cheikh : d’aller prêcher ces conneries en Egypte, laquelle dispose d’un système bancaire international comme celui adopté par le Maroc. De lui dire et redire que ses banques islamiques qui financent Al Jazeera, porte-parole des terroristes et les opérations de génocides dans le Darfour et d’autres opérations louches de blanchissement d’argent dans plusieurs coins du globe, n’ont pas de cité chez nous et nous les refusons catégoriquement. De mettre à la disposition des marocains des outils très faciles et à leur portée pour qu’ils ne doutent plus de la capacité de nos oulémas à les aider à solutionner leurs problèmes avec le divan.

Les instances du gouvernement et particulièrement des affaires islamiques doivent développer d’autres moyens de communication facile d’accès à la population pour leur permettre une meilleure compréhension de l’islam marocain. Si les Marocains de confession musulmane dépensent des sommes faramineuses pour comprendre l’islam d’autrui l’Etat marocain gagnera à économiser ces sommes pour le développement de l’Islam marocain face à ce nouvel assaut du Wahhabisme sur notre pays.

A Bon entendeur.
[1]Lire l’article sur http://www.maroc-hebdo.press.ma/