vendredi, janvier 06, 2006

Histoire du Mouvement Amazigh au Maroc 2

Histoire du Mouvement Amazigh au Maroc
Imazighen après l’instauration de l’Etat Nation
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Moha Arehal
http://arehal.blogspot.com


Dans notre livraison du mois de décembre, nous avons traité des principales étapes parcourues par le mouvement amazigh depuis le début de la colonisation jusqu’au réveil revendicatif qui a commencé par la chute du mur de Berlin. Dans cette deuxième livraison nous traitons de la phase revendicative qui prends fin avec la publication du manifeste amazigh en mars 2000.

La Charte d’Agadir

En 1990, la chute du mur de Berlin, qui séparait les deux parties de l’Allemagne a précipité plusieurs changements dans le monde, en premier, l’union soviétique et les Etats Unies signent la fin de la guerre froide, à l’origine de plusieurs malheurs dans le monde. Cette avancée dans l’histoire de l’humanité n’est pas passée inaperçue dans les autres pays. Le Maroc, quant à lui a vu pour la première fois la naissance de plusieurs mouvements sociaux en particulier dans le domaine des droits humains. Ce changement mondial a touché tous les pays, les peuples réclament plus de libertés et de droits. Le discours des droits de l’homme prend le dessus sur tous. Au Maroc par exemple, plusieurs émeutes se sont déclenchées dans plusieurs villes pour dénoncer les augmentations des prix de matières de premières nécessités. Toutes les émeutes ont été matées par les forces de l’ordre.

Les Imazighen n’ont pas laissé cette opportunité leur échappée. Eux qui le long de leur histoire n’ont pas su profiter de plusieurs opportunités de se libérer et de prendre leur destin en leurs propres mains. En 1991, six associations se sont réunies à Agadir pour discuter d’une action à mener pour faire savoir leurs revendications. Après débat, les représentants des six associations ont décidé de publier un texte baptisé « charte d’Agadir». Ce texte constitue le premier document qui parle explicitement des revendications des imazighen du Maroc.

À partir de cette année, plusieurs associations amazigh ont vu le jour partout dans le territoire marocain. Le sujet de l’amazighité ne fait plus peur aux porteurs du discours relatif aux droits culturels et linguistiques des imazighen.

Le premier mai 1994 constituerait une rupture dans le combat amazigh. En effet, malgré que les militants amazigh participaient aux manifestations du premier mai dans plusieurs villes du Maroc et en particulier à celle organisée par les centrales syndicales à Rabat depuis 199à soit en tant qu’étudiants en en tant que militants des associations basées à Rabat. Cette année-là, les autorités n’ont pas pu se retenir, du fait qu’il s’agit d’une ville chef-lieu d’une zone rebelle durant toute son histoire. Les militants de l’association Tillili, basée à Goulmima, une ville qui vis et depuis toujours une marginalisation sans raison valable ont été arrêtés par les forces de l’ordre et pour cause, ils ont secondé des slogans en faveur de la reconnaissance de tamazight et de son enseignement. Les banderoles écrites en tifinagh ont été saisies par les autorités et les militants ont été poursuivis devant la cour de justice de première instance d’Errachidia.

Le 1er discours royal

La solidarité exemplaire des militants amazigh de partout dans le monde et la mobilisation de plus de 300 avocats pour défendre les inculpés amazigh à Errachidia n’a pas laissé les autorités marocaines sans avis. Après l’intervention des organisations internationales oeuvrant dans le domaine des droits humains auprès des autorités marocaines pour leur libération et la solidarité spectaculaire de la presse marocaine et mondiale en leur faveur, le Roi, à l’occasion de la fête du 20 août 1994 décide de la libération des détenus et déclare pour la première que la Tamazight fait partie des composantes multiples de l’identité nationale et à la même occasion avance l’entrée de tamazight à l’école primaire dans une première phase. Quelques mois après ce discours historique, la télévision marocaine a programmé et pour la première fois 15 minutes d’infos, 5 minutes pour chacune des trois variantes de Tamazight choisies par le Makhzen depuis déjà très longtemps.

Cette initiative, quoi qu’elle soit insuffisante et mal-préparée, a été bien accueillie par les imazighen partout au Maroc. Les militants l’ont considéré comme insuffisante et vise seulement à contenir les revendications légitimes des imazighen au Maroc. En cette période les associations amazigh revendiquent la satisfaction de toutes les revendications énoncées dans la charte d’Agadir.

Après le discours royal, des militants amazigh se sont libéré de leur peur et ont œuvré pour la création d’autres associations dans plusieurs contrés du pays. Leur nombre en constante évolution, les associations ont décidé de créer une instance de coordination, le Conseil National de Coordination entre les Associations Culturelles Amazigh (CNC).

le Conseil National de Coordination

Le CNC a vu le jour en 1994, suite à des initiatives menées par des militants appartenant aux associations signataires de la Charte d’Agadir en 1991, les nouvelles associations doivent signer la Charte d’Agadir avant de pouvoir adhérer au CNC. Le but de ce conseil et de solidariser et fédérer les efforts produits par toutes les associations amazigh en vue d’une action commune pour l’aboutissement des revendications exprimées dans la charte d’Agadir.

Le CNC a pu rassembler les leaders de plusieurs dizaines d’associations dans plusieurs villes. A cause des problèmes intrinsèques en particulier entre les deux « méga association » de ce temps là, l’AMREC et Tamaynut sur qui des deux va conduire le CNC, l'action noble de ce forum informelle s'est trouvée biaisée par de tels comportements. Les actions positives à mettre à l’actif de cette instance informelle sont l’édition du journal « Amezday » et le mémorandum adressé au Roi Hassan II au sujet des amendements à porter à la constitution marocaine à l’occasion du changement de la constitution de 1996.

La première confrontation interne et qui va signer le commencement de la fin de cet instrument de coordination et l’Echec de la conférence de Mamoura la même année. Depuis rien ne marchait au sein du CNC, la réunion programmée pour choisir un nouveau coordonnateur s’est terminé par des disputes et des insultes, surtout que la proposition de faire du CNC une organisation formelle nommée TADA n’a pas été suivie par toutes les associations membres. Depuis cette date le CNC n’a plus d’existence effective. L’instance qui l’a remplacée nommée Tada des Associations Amazigh n’a jamais été reconnue par les autorités et n’a, de ce fait, rien réalisée.

Le Congrès Mondial Amazigh
L’idée de porter du combat amazigh à l’échelle internationale a été proposée lors de la réunion qui a rassemblé une délégation constituée de militants du mouvement amazigh marocain, algérien et de la diaspora à la conférence internationale sur les droits de l’homme qui a eu lieu à Genève en 1993. les militants présents se sont accordés deux ans pour l’organisation du pré-congrès en 1995 à St-Rome de Dolan (France) et c’était la naissance du Congrès Mondial Amazigh.
Le 1er congrès du CMA s’est tenu les 27, 28, 29, 30 août 1997 à Tafira (Las Palmas, Iles Canaries). Il a réuni, pour la 1ère fois de l’histoire récente des imazighen, les représentants de l’ensemble des composantes du peuple amazigh notamment les Canariens, les Marocains, les Algériens, les touaregs, ainsi que la diaspora établie en Europe et en Amérique du Nord. En somme, se sont quelques 350 délégués, venus participés à ce premier congrès dans le but de se rencontrer, mieux se connaître, débattre et proposer des perspectives nouvelles au mouvement amazigh en général.
L’étape de Tafira constitue un grand moment dans l’histoire amazigh. Le moment où imazighen ont définitivement décidé de prendre en charge eux-mêmes leur propre destinée. De ce 1er congrès sont nés beaucoup de projets ambitieux pour restaurer les droits fondamentaux des Imazighen partout ou ils se trouvent.
Malgré cette ambition, les congressistes n’ont pas laissé passé, encore une fois, cette étape passé dans le calme. Les mêmes problèmes qui étaient à l’origine de la fin tragique du CNC, se sont réapparues lors de ce congrès. La délégation marocaine n’est pas arrivée à un consensus pour présenter ses 10 représentants au Conseil Fédéral et a décidé de quitter la salle du congrès. Ce qui a obligé les responsables de l’organisation à permettre aux marocains de désigner ultérieurement leurs représentants.
Ce n’est pas fini, le 2ème congrès du CMA qui a eu lieu les 13-14-15 août 1999 à Lyon (France), a été boycotté par plusieurs associations marocaines, algériennes et de la Diaspora. Les boycotteurs ont organisé un autre congrès à Brucelles. Ce sont les autorités judiciaires françaises qui vont résoudre le différents entre les deux congrès finalement. Le CMA à depuis lors organisé le 3ème congrès a été réuni les 28-29-30 août 2002 à Roubaix (France). Le 4ème a eu lieu à Nador en Août 2005.
Ce dernier congrès n’a pas du tout été une grande réussite, étant que plusieurs associations marocaines comme algériennes n’ont pas pu assister à ces assises. Le congrès n’a pas même pu sortir son communiqué final. La visite de son président chez El Keddafi et sa participation à la commémoration du discours d’Ajdir dernièrement n’ont pas laissées de bonnes impressions.
Dans le prochain chapitre, nous intéresserons exactement à l’amazighité du 21ème siècle, en particulier suite aux changements qu’a connu notre pays, à commencer par l’arrivée du nouveau souverain et par la tentative du pays à ce réconcilier avec son passé. Nous traiterons aussi des signes du début de la récupération de l’amazigh et la makhzanisation de plusieurs militants.
A suivre…..


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