Marock est il marocain ?
Moha Arehalin "Le Monde Amazigh" Juin 2006
Marock, le titre d’un film, qui ne cesse d’alimenter les discussions et sur les une des journaux que sur les forums électroniques. Ce film, le premier long-métrage d’une marocaine de la classe bourgeoise, vivant à l’étranger, a été présenté dans deux festivals de film au Maroc, celui de Casablanca et celui de Tanger. Il a été sélectionné dans le festival de Cannes dans la section « certain regard ». Lors du lancement de ce film dans les salles du festival de Tanger, un réalisateur nommé « Mohamed Asli » a ouvert le feu sur le Film. Au lieu de la critique, le réalisateur du film « à Casablanca, les anges ne volent pas » a attaqué farouchement le film sur un fond idéologique basé sur les « valeurs » de notre peuple. Il a même ajouté que la réalisatrice du film Marock est employée par les occidentaux pour attaquer les valeurs et les valeurs de l’Islam.
Le film, après cette attaque non acceptable d’un Homme de Cinéma, a été présenté au public français et a eu sa part de public comme un film normal qui traite d’une question normale. Cependant, au Maroc, pour les gardiens du temple et les observateurs de nos valeurs, les policiers du Dieu et de la morale n’ont pas cessé d’alimenter la polémique sur le film qui est devenu une affaire d’Etat pour les uns et une insulte à la culture marocaine et musulmane pour les autres. « Laisser diffuser ce film dans les salles marocaines, est une incitation à la débauche », est la phrase qui n’a cessé de se répéter dans les colonnes du journal de la mouvance islamiste présente dans le parlement marocain. Plusieurs dossiers ont été consacrés par ce journal pour attaquer ce film. Le plus con de ces dossiers s’est basé sur l’analyse de la presse arabe qui a critiqué de façon irresponsable le film, malgré que ces arabes ne comprennent aucunement le dialecte marocain et loin le Français. Pire, ils ne savent même rien sur la culture marocaine, qui pour eux est identique à la leur.
Le comble, c’est quand des journaux dits indépendants comme « Al Jarida Al Oukhra » s’allie avec les islamistes pour attaquer le film. En fait, depuis les critiques et les gros mots mal placés avec lesquels le réalisateur a qualifié le film et la réalisatrice du film lors du festival du film à Tanger, ce journal n’a pas arrêté ces attaques contre le film, à chaque numéro un journaliste essayait de mettre à mort le film, son scénario, ses scènes, sa réalisatrice et ses acteurs.
Le chroniqueur Rachid Nini, du journal Assabah, n’a pas fait mieux lui non plus. Dans sa chronique réservée au film et sa réalisatrice, il s’est donné au satirique pour mettre à plat ce travail cinématographique. Il a conclu son acharnement par proposer à la réalisatrice du film de refaire le film en changeant les rôles, la fille serait juive et le garçon serait musulman. Cette proposition au goût amère montre un peu la schizophrénie qui nous caractérise quand il s’agit des sujets relatifs aux relations entre les sexes.
Et si c’était vraiment le cas, le garçon est musulman et la fille est juive. Les juifs marocains ne seront-ils pas eux aussi fâchés ? Ne sont-ils pas marocains ? Leurs valeurs ne sont-ils pas aussi marocains ? Sinon, ne sont-ils pas plus marocains que les valeurs de l’Islam, si on prend en compte l’arrivée du judaïsme au Maroc ? Ne demanderont-ils pas d’interdire le film pour les mêmes motifs avancés par les critiques négatifs du film ? Ne vont-ils pas menacer de sortir dans les rues pour protester contre le film parce qu’une fille juive aime et fait l’amour avec un musulman ?
De tels jeux de suppositions ne feront jamais le cinéma. Jamais le public ou la critique n’impose un scénario à un réalisateur, une histoire à une scénariste, ou un thème de chanson ou de roman ou d’un tableau à un artiste. La création est individuelle et seuls les auteurs sont concernés par le choix de leurs thèmes. La critique et l’avis du public viennent toujours après la création et nullement avant. Sinon nous allons revenir aux années ou toute chose est imposé pour les pouvoirs totalitaires.
Le comportement du journal Attajdid paraît acceptable considérant la structure de l’idéologie qui est derrière son édition. Selon cette idéologie, qui considèrent la femme comme un sujet tabou, une marchandise et un jouet entre les mains de l’homme qu’il soit son père, son frère ou son mari, refuse catégoriquement toute relation extraconjugale entre les deux sexes et interdit d’ailleurs toute liaison même conjugale entre une musulmane et un juif alors qu’elle tolère le mariage mixte entre un musulman et une juive. Cependant le comportement des journalistes du journal « Al Jarida Al Oukhra » et du chroniquer Rachid Nini dans Assabah, restent inexplicables si on prend en compte le discours que ces journalistes soit disant indépendant et démocrates qui oeuvrent pour la constitution d’un Etat de droit et de droits de l’homme. Le seul analyse valable de ce comportement montre que le discours de Nini dans ces chroniques et de « Al Jarida Al Oukhra » concernant la liberté d’expression n’est que tactique et pas loin d'une conviction.
La vision que rapporte le film, malgré qu’il concerne une minime partie de la population marocaine, en particulier la classe bourgeoise, concerne la jeunesse marocaine tout entière. Si Ali Zaoua le film a traité d’une classe aussi marginalisée Marock traite une autre classe aussi méconnu dans notre société.
Un conseil, allez tous voir le film et faite vous-même votre opinion sur ce film et sur son histoire. Défendez votre droit à l’information, ne laissez plus personne parlez en votre nom. Ce peuple marocain a déjà souffert de parler en son non, vous êtes des membres de ce peuple alors parlez vous-même en votre nom.
A bon entendeur.
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