Bouteflika et Al Fassi : l’alliance invisible
contre l’officialisation de la langue Amazigh
Moha AREHAL
contre l’officialisation de la langue Amazigh
Moha AREHAL
Depuis que le mouvement amazigh a repris son combat après des années de silence et d’attentisme et au temps de discussions sur une éventuelle refonte de la constitution marocaine, le chef de la junte istiqlaienne fait une nouvelle sortie pour défendre le point de vue des panarabistes pour la non-officialisation de la langue amazigh.
En fait, Abbas Al Fassi, au même nom que son ancien leader Allal, lors d’une intervention à l’occasion de l’ouverture de l’assemblée de la jeunesse du parti de l’Istiqlal, a réitéré le refus de son parti, responsable du génocide envers les combattants dans plusieurs bagnes secrets éparpillés dans le pays et en particulier celui de Tétouan, de l’officialisation de la langue amazigh dans la constitution marocaine. Monsieur le secrétaire général nous propose en alternative de la reconnaître en tant que langue Nationale.
Dans la même période, monsieur Bouteflika, président de la république de l’Algérie, à sa manière et à l’occasion de sa campagne de sensibilisation et de promotion pour la charte de conciliation a refusé catégoriquement le fait de l’officialisation de la langue Amazigh dans la constitution algérienne.
Ces deux réactions ont été exprimées par deux ténors du panarabisme nord africain, dans deux contextes différents et dans des conditions différentes propres à chacun des deux pays. Il va de soit que ces deux confirmations, du fait que ce ne sont pas des propositions ne viennent pas du vide.
Le marocain, en l’occurrence le fils du Fassi, a choisi de le dire aux jeunes du parti qui, pour leur majorité, sont amazighophones et presque tous sont des Amazigh par la terre. Alors que l’algérien, où le marocain d’Oujda, lui aussi malgré les engagements pris par son premier ministre avec les représentants du mouvement citoyen en l’occurrence l’officialisation de l’Amazigh comme langue officielle, le président déclare publiquement que c’est impossible que cela puisse se réaliser. Quelques jours plus tard c’est le ministre de l’intérieur de Monsieur Bouteflika déclare la fin du dialogue entamé par Ouyahya avec les représentants du mouvement citoyen.
Déjà en 1930, avec le Latif initié par deux éléments fondateurs de ce parti à Salé. En 1944, la plupart des signataires du manifeste de l’indépendance sont en même temps des membres du parti et les rédacteurs du manifeste ont carrément marginalisé l’identité du Maroc pour lequel, ils demandent au français son indépendance.
En 1970, les panarabistes du parti sont revenu à la charge en signant un autre manifeste demandant pur et simple d’arabiser le Maroc sous prétexte que le Maroc est un pays musulman et sa langue officielle est l’Arabe en plus qu’il appartient au monde arabe et de ce fait il ne bougera aucunement de son appartenance à la nation arabe. Ce manifeste est très intéressant du fait que le nombre de signataire et leur statut montre à quel point l’amazighité à souffert et souffrira tant que ces personnes soient encore dans des postes clés notamment la vie politique et économique, l’enseignement, l’information. L’analyse de la liste montre à ce qui veut le savoir que personne de ces personnes ne peut avoir une vision modérée et démocratique de la question identitaire au Maroc. Les signataires sont intransigeant sur leur identité qui est celle du Maroc et le confirment sans état d’âme.
En 2002, le théoricien du parti de l’Istiqlal, le dénommé Ghellab, a voulu pour la première fois que l’amazigh avait droit de cité sur les colonnes du journal panarbiste, porte-parole du parti et financé par de l’argent public du contribuable, défendre l’indéfendable en avançant que le parti de l’Istiqlal n’a jamais été amazighophobe et que la majorité de ces militants sont des amazigh nationalistes. Sur ce il avait droit à une réponse des plus justifiée faite sur les colonnes de Tawiza par M. Hassan Banhakeia.
En 2003, Abbas Al Fassi a répété, le même justificatif, lors de son entretien avec Al Ahdath Al Maghribiya. Il a, en plus, expliqué la position du parti archaïque et traditionaliste (la baise main est une obligation par exemple) relative au refus de l’officialisation de la langue Amazigh. Abbas Al Fassi se prend pour un « théoricien » ou « futuriste »; il nous conseille d’attendre 10 à 20 ans pour parler de la question de la constitutionnalisation de la langue amazigh. C’est vraiment irraisonnable qu’un homme politique qui a vécu tout le développement du pays peut penser à la même manière qu’au début du siècle quand ces camarades demandaient aux ruraux de faire la guerre et eux allaient dans des missions pour faire des études sur le dos des contribuables, grâce aux « dirhams » que collectaient les mercenaires du parti dans les montagnes et les déserts du pays en faveur de la « résistance ». Monsieur AL Fassi, ajoute que l’officialisation de l’Amazigh dans la constitution coûterai cher au pays, du fait que les documents officiels, les panneaux, les plaques et l’école doivent s’écrire en deux langues.
Monsieur Abbas Al Fassi, s’il déclare la guerre actuellement à l’officialisation de la langue amazigh si parce que c’est le seul créneau qui reste à son parti. Pendant plus de 50 ans le parti de Abbas Al Fassi voulait nous faire avaler une Histoire mensongère qui voulait que les salafistes de l’Istiqlal soient les libérateurs de ce pays et que l’identité marocaine ne peut sortir du couple islam-arabité, les militants amazigh et pendant plusieurs décennies n’ont cessé de mener un combat civilisé et raisonné sur la base des textes internationaux des droits de l’homme. L’amazighité a eu gain de cause même partiellement au niveau des organisations internationales des droits humains, au niveau de l’Organisation des Nations Unies et au niveau du pouvoir suprême du royaume.
L’Amazigh est désormais une langue, par la force de la loi, elle dispose d’une institution officielle financée par l’Etat et placée horizontalement par rapport au gouvernement dont les panarabistes ont laissé leurs pions au niveau des ministères et des directions centrales. L’Amazigh est désormais obligatoire dans l’école publique, chose catégoriquement réfutée pour les salifications de l’Istiqlal il y’a seulement quelques années.
Malgré les reproches, les remarques et les observations que nous pouvons avoir quant à cette institution et sa façon de gérer le dossier de l’enseignement de Tamazight dans l’école publique, il n’en reste pas du moins que son existence et l’enseignement de tamazight à l’école, constituent un acquis très important et plein de symbolisme face aux panarabistes qui réfutaient, il n’y a pas très longtemps, même le fait que l’Amazigh soit de cité au Maroc.
Face ces percées importantes et symboliques, la junte des panarabistes n’a plus que de crier au risque de séparatisme et de la menace de l’unité nationale contre l’officialisation de la langue Amazigh.
En Algérie, la réponse du mouvement citoyen n’a pas tardé et a été mise à l’œuvre et avec force surtout après l’appel à la grève générale en Kabylie et le boycott presque total du référendum du 29 septembre dernier. Le taux de participation dans les deux grandes villes de la Kabylie n’a pas dépassé les 2%, Bouteflika doit en tirer de bonnes conclusions.
Au contraire, au Maroc, les propos de Abbas Al Fassi et d’autre concernant l’officialisation de Tamazight n’a pas vraiment suscité de réactions comme c’était le cas dans plusieurs occasions auparavant. La première réaction est à mettre à l’honneur de l’Association de Akhiat rien n’est fait par le mouvement amazigh marocain.
La réaction de l’AMREC a amené les décideurs du parti salafiste à réagir et rectifié le tir en publiant une réponse-communiqué à la Une du journal « Al Alam » appartenant au parti. La bizarrerie dans ce communiqué c’est qu’il parle au nom du parti, mais sans signature.
A croire le communiqué, l’observateur ne peut qu’être abasourdi étant que les propos avancés font du parti de l’Istiqlal un parti amazighiste par excellence. Alors que la relecture de l’histoire de ce parti fait état d’une amazighophobie sans égale.
Si les Imazighen sont arrivées à prendre la parole et à répondre en public à toute tentative d’atteinte au combat juste et légitime, ils ont beaucoup de travail à faire pour réhabiliter notre histoire jusqu’à maintenant fausse et erronée.
Les panarabistes responsables des malheurs subis par Tamazight et Imazighen doivent être poursuivis et démasqué par les militants. Les Imazighen, désormais ne sont plus des analphabètes, l’enseignement voulu par les panarabistes pour nous faire perdre notre identité n’a fait que nous encourager à la défendre en vue de sa réhabilitation.
Le combat n’est qu’à ses débuts……